Chroniques d'Avonlea 09 10 by MONTGOMERY Lucy Maud

Chroniques d'Avonlea 09 10 by MONTGOMERY Lucy Maud

Auteur:MONTGOMERY Lucy Maud [MONTGOMERY Lucy Maud]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Etranger, Canada, Nouvelle, Classique, historique, Saga, Littérature, Jeunesse
ISBN: 9782764412152
Éditeur: Bibliothèque Electronique du Quebec
Publié: 1920-10-15T05:00:00+00:00


2

La matérialisation de Cecil

Le fait d’être célibataire ne m’avait jamais préoccupée le moins du monde, même si, à Avonlea, tout le monde prend les vieilles filles en pitié ; mais ce qui me préoccupait, et je l’avoue franchement, c’était de n’avoir jamais eu la possibilité de me marier. Même Nancy, ma vieille nounou et servante, le savait et avait, à cause de cela, pitié de moi. Bien qu’elle eût elle aussi coiffé Sainte-Catherine depuis longtemps, Nancy avait déjà eu deux propositions. Elle les avait refusées toutes les deux, la première fois, parce qu’il s’agissait d’un veuf, père de sept enfants, et la seconde, parce que le prétendant était un fainéant et un bon à rien ; mais si quelqu’un taquinait Nancy sur sa condition de célibataire, elle pouvait faire triomphalement valoir ses deux soupirants comme preuve qu’« elle aurait pu, si elle l’avait voulu ». Si je n’avais pas passé toute ma vie à Avonlea, j’aurais pu avoir le bénéfice du doute ; mais tout le monde savait, ou croyait savoir, tout à mon sujet.

Je m’étais vraiment souvent demandé pourquoi personne n’avait jamais été amoureux de moi. Je n’étais pas laide du tout ; en vérité, George Adoniram Maybrick m’avait autrefois écrit un poème dans lequel il célébrait ma beauté de façon tout à fait extravagante ; cela ne voulait rien dire parce que George Adoniram composait des madrigaux pour toutes les jolies filles, mais n’avait jamais fréquenté personne d’autre que Flora King qui louchait et avait les cheveux roux. Pourtant, cela prouve que ce n’était pas à cause de mon apparence que j’étais en dehors de la course. Ce n’était pas non plus parce que j’écrivais moi-même de la poésie — quoique pas dans le style de George Adoniram — puisque personne ne l’a jamais su. Quand je sentais l’inspiration venir, je m’enfermais dans ma chambre et j’écrivais dans un petit livre blanc que je gardais sous clef. Il était à présent presque rempli, parce que j’avais écrit de la poésie toute ma vie. C’était la seule chose que j’avais réussi à cacher à Nancy. De toute façon, Nancy n’avait pas une très haute opinion de mon aptitude à m’occuper de moi-même, mais je tremblais à l’idée de ce qu’elle penserait si elle trouvait ce petit livre. J’avais la certitude qu’elle enverrait chercher le médecin en vitesse et insisterait pour m’appliquer un cataplasme de moutarde en l’attendant.

Je continuais néanmoins à en écrire et, avec mes fleurs, mes chats, mes magazines et mon petit livre, j’étais vraiment heureuse et satisfaite. Mais cela me mortifiait d’entendre Adella Gilbert, qui habite de l’autre côté de la route et qui est mariée à un ivrogne, prendre en pitié la « pauvre Charlotte » laissée pour compte. Pauvre Charlotte, vraiment ! Si je m’étais jetée à la tête d’un homme comme Adella Gilbert l’avait fait… mais voyons, je ne dois pas me laisser aller à de telles pensées. Je dois me montrer charitable.

Le cercle de couture se réunit chez Mary Gillespie le jour de mon quarantième anniversaire.



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